Une exposition-manifeste entre héritage vernaculaire et innovation architecturale

À une époque où l’industrie du bâtiment cherche désespérément à réduire son empreinte écologique, l’EPFL propose une réponse aussi ancienne que visionnaire : la terre. À travers l’exposition « PISÉ – Tradition et potentiel », présentée du 20 mars au 24 juin 2017 à Archizoom, l’école polytechnique fédérale de Lausanne repositionne la construction en terre crue comme une alternative durable, esthétique et structurellement performante.

Pour un professionnel de la communication marketing, cette exposition représente bien plus qu’un retour aux sources : elle est une plateforme de narration stratégique autour de l’innovation écologique, de la matérialité responsable et du lien entre passé et futur.

Le pisé : un matériau ancré dans l’histoire, tourné vers demain

Souvent relégué au rang de curiosité rurale, le pisé refait surface ici comme un matériau de haute technicité, à faible impact carbone, issu d’une tradition européenne bien établie. L’exposition retrace notamment :

• son usage ancestral, depuis les campagnes d’Hannibal jusqu’aux constructions rurales rhônalpines du XIXe siècle ;
• sa transmission culturelle, notamment entre la France et la Suisse via le commerce du lin ;
• son renouveau contemporain à travers des projets pilotes suisses, autrichiens ou encore allemands.

Le parcours muséographique, sobre et immersif, donne à voir les textures, les composants, les techniques, tout en rendant tangible un matériau souvent invisible dans les circuits de valorisation architecturale moderne.

De la tradition à l’innovation : vers une préfabrication de la terre

La grande force de cette exposition réside dans son angle prospectif. Elle ne se contente pas de réhabiliter le pisé ; elle en explore les potentiels industriels et architecturaux :

• Préfabrication en atelier,
• Optimisation énergétique et thermique,
• Intégration dans des projets hybrides (terre-béton-bois).

Les travaux de Roger Boltshauser (commissaire de l’exposition) ou encore de Martin Rauch, pionnier autrichien du pisé moderne, sont à ce titre exemplaires : ils démontrent qu’avec une approche rigoureuse, la terre devient un matériau contemporain, compatible avec les exigences structurelles, esthétiques et logistiques du bâtiment de demain.

Une programmation événementielle comme levier d’influence

Autour de l’exposition, l’EPFL a construit une programmation ambitieuse, capable d’attirer à la fois le grand public, les architectes, les ingénieurs, les industriels et les décideurs politiques :

• Un vernissage prestigieux avec Boltshauser ;
• Des conférences ciblées : Dominique Gauzin-Müller, Martin Rauch, Guillaume Habert, Laetitia Fontaine… autant de voix internationales légitimant le propos ;
• Une table ronde interdisciplinaire avec les étudiants ;
• Un événement collatéral à Genève, « L’art de bâtir la terre », qui étend l’influence du projet à l’échelle cantonale.

C’est un exemple réussi de communication culturelle multisite, multicanal et multiaudience.

Pourquoi cette exposition parle aussi de stratégie

Pour une institution comme l’EPFL, positionner la terre crue comme objet de recherche, d’enseignement et de création, c’est affirmer :

• Une vision audacieuse de l’innovation architecturale ;
• Un engagement concret envers la construction durable ;
• Une capacité à reconcilier artisanat et ingénierie, humanisme et technologie.

Dans une logique de branding institutionnel, c’est un signal fort : l’EPFL ne suit pas les tendances – elle les anticipe, les structure, les met en débat.

La terre comme levier d’innovation responsable

L’exposition « PISÉ – Tradition et potentiel » est bien plus qu’un hommage à une technique oubliée. Elle est un manifeste pour une architecture consciente, enracinée dans les savoirs vernaculaires mais propulsée par l’exigence scientifique et créative du XXIe siècle. Et pour les communicants, elle offre un récit puissant, cohérent et inspirant à activer dans les sphères académiques, industrielles et publiques.